Il y a fort longtemps, j’essayais de vous expliquer l’ouverture du diaphragme et les effets que cela produit sur la profondeur de champ des photos. Aujourd’hui j’aimerais parler de la sensibilité ISO des boitiers numériques car il est clair que le progrès en terme de qualité photo s’orientera dans cette direction. Ça suffit la course aux pixels ! Qui a besoin pour ses photos personnelles plus de 6 mpx ? Vous pratiquez tous les jours des agrandissements pour affiches de pub dans le métro ?… La suite du billet concerne les boitiers réflex tout comme les compacts numériques.
Historique
Je ne compte pas vous faire un historique dont vous vous passerez largement, mais je pars d’une observation générale. Au fil des dernières années, je ne saurais vous dire le nombre de vendeurs que j’ai pu entendre vanter les caractéristiques des appareils photo en particulier la définition du capteur : « ah oui oui, celui-ci est bien meilleur, il fait 12 mpx au lieu de 8… » C’est l’un des principaux arguments qui déterminait l’achat d’un modèle plutôt qu’un autre pour Mme Michu. Du côté des appareils plus « pro » les constructeurs se sont vite heurtés à un problème de taille : comment conserver une excellente qualité d’image tout en compactant les photosites du capteur afin d’avoir une meilleure définition ?
Vous comprendrez aisément que bourrer un petit capteur, dont la taille ne grandit pas, provoque une perte quelque part. Chaque photosite qui va capter de la lumière (correspondant à un pixel) aura moins de surface pour bien recevoir cette lumière. Plus vous en mettez, moins chacun d’entre eux sera capable de bien voir provoquant des parasites : le bruit. Ce bruit dégrade la qualité de l’image en la rendant moins propre en raison d’une valeur ISO trop élevée. C’est en ce moment que la course aux ISO se passe !
ISO
En photographie, la sensibilité ISO est l’échelle de mesure de la sensibilité des surfaces sensibles. L’ISO concerne donc directement le capteur du boitier numérique. Il y a 3 principaux paramètres lors d’une prise de vue : le temps de pose, la sensibilité, et l’ouverture. Ces paramètres jouent directement sur l’exposition de la photo qui peut alors être sous-exposée (trop sombre) ou sur-exposée (trop claire).
Il arrive que dans certaines conditions on soit obligé d’avoir un temps de pose rapide afin qu’une photo soit nette (sujet en mouvement). On est malheureusement dans un endroit sombre, on a ouvert au maximum le diaphragme et on ne veut pas utiliser le flash ou bien ce dernier est trop faible (concert, intérieur, etc.). Comment s’en sortir ? Simplement en jouant sur la sensibilité ISO : l’augmenter.
La sensibilité ISO jouera sur la capacité du capteur à percevoir la lumière. En fonction de votre appareil, la sensibilité commence aux alentours de 100 ISO pour aller jusqu’à 3200, 12800 voire 102400 ISO pour les appareils les plus évolués ! Reportez-vous au manuel de votre appareil pour connaître l’étendue ISO que supporte votre boitier. Le manuel vous dira quelles valeurs intermédiaires il est possible de régler (100, 200, 400, 640, 800, 1600 ISO…). Plus votre appareil sera « pro », plus vous aurez un choix large de valeurs ISO.
À 100 ISO, le capteur n’est pas très sensible à la lumière. C’est idéal en extérieur car malgré la faible sensibilité, on peut conserver un temps de pose très rapide afin de figer les sujets. A 200 ISO, le capteur est 2 fois plus sensible qu’à 100 ISO. Il va falloir avoir un temps de pose 2 fois plus court qu’à 100 ISO si on souhaite avoir la même image (au niveau de l’exposition, sans toucher à d’autres paramètres). Ainsi, quand on double une valeur ISO, l’image est davantage exposée (1 stop ou 1 IL suivant le vocabulaire).
Monter dans les ISO permet donc de conserver un temps de pose court (gain de netteté). Si le diaphragme de l’objectif est à ouverture maximale et qu’il manque toujours de lumière, il suffit alors d’augmenter la valeur ISO.
Conséquences
Au début du billet je vous parlais de qualité, propreté d’une image. Lorsque l’on pousse les ISO en les augmentant, il y a génération de bruit qui dépend de la température, du circuit électronique de l’appareil etc. Ce désagrément s’exprime par apparition de « grain » très gênant : bruit de chrominance (grains colorés) ou de luminance (grain clairs/foncés).
Canon EOS 7D – Réduction du bruit désactivée 1600-12800 ISO
La gestion du bruit dépend de votre boitier, appareil photo. Certes, certains capteurs ont une tendance naturelle à fournir des données brutes plus propres que d’autres, mais sachez que ce sont les algorithmes de votre appareil photo qui vont gérer la correction du bruit (sans entrer dans les détails au niveau processeur, firmware…).
Si je devais vous donner un conseil, à vous de déterminer la meilleure valeur ISO qu’il faut choisir en fonction de ce que vous photographiez ! Pratiquez autant que possible. Je ne peux que vous suggérer de garder une valeur la plus basse possible. Les constructeurs travaillent actuellement sur cette montée des ISO afin de rendre les images les plus propres possibles à haut ISO. Ce critère sera à prendre en compte à présent, bien devant le nombre de mégapixels !